mojo rojo

balades au Rollwaling, act. 1

· elmouatassim

Toujours au Népal et après quelques jours de détente au bord du lac à pokhara, je suis allé faire un tour au Rollwaling. Le plan initial était de faire la traversée jusqu’au Khumbu en passant par le Tesi Lapcha, mais au final je suis resté uniquement au Rollwaling. J’ai choisi de commencer ce trek à Bharabese parce que le trajet en bus de Kathmandu est agréable et ne dure pas longtemps.

Transport

J’ai pris un bus local de Ratna Park bus park à Kathmandu. Il est parti à 7 am et a mis environ 4h pour arriver au point de départ, Bahrabise. Ce trajet coûtait en octobre 2019 environ 300 roupies (environ 3$). D’ici on peut soit marcher ou prendre un autre bus jusqu’à Drumthali, dernier village où le bus accepte d’aller. J’ai marché environ 10 km jusqu’à ce que le bus passe. Il m’a récupéré à 4 kilomètres de Drumthali.

Permis

Ce trek peut être fait sans guide, sans porteurs et sans agences. Il suffit seulement de payer un permis pour ce parc national. Ça coûtait 3000 roupies en octobre 2019. Il faut avoir aussi la carte du randonneur TIMS. Celle ci coûtait 1000 roupies en octobre 2019. Environ 40$ pour le tout. Les démarches sont à faire à Kathmandu et à cette adresse.

10 novembre 2019

Jour 1. J’ai passé la nuit à Drumthali, un petit village aux portes du parc national du Gaurishankar. J’avais dormi chez une dame qu’on m’avait indiqué. Elle n’était pas loquace, elle ne m’a d’ailleurs pas parlé du tout, elle était remontée contre son fils et n’arrêtait pas de l’engueuler. Heureusement que ce dernier et son père parlaient un peu anglais et m’adressaient un peu plus la parole. Après un thé chez eux le matin, je suis parti sur le sentier avec mon gros sac. Le sentier de Drumthali monte sur une piste de Jeep, cette route a été réalisé récemment et passe d’abord par un beau village qui s’appelle Dolangsa. Sur cette piste je n’aurai croisé personne, aucun véhicule. Après Dolangsa le chemin continue de monter jusqu’au col. Un peu avant le col, j’avais fait une petite pause fruits secs au bord d’une rivière. Au col je me suis arrêté pour faire quelques photos.

D’ici on aperçoit les montagnes vers lesquelles je devais aller. Ensuite commence une descente interminable vers Bigu. Sur cette descente on passe par d’innombrables bergeries et des petits villages agricoles. On y trouve aussi beaucoup d’eau et des cascades impressionnantes qui se déversent dans des bassins naturels où l’eau est d’un bleu-vert sublime et réchauffée un peu grâce aux rayons du soleil. Ça donnait envie de s’y baigner. Arrivé à Bigu, on m’a suggéré de monter à Bigu gompa, un endroit plus agréable pour passer la nuit paraît-il. Sur cette montée on passe par de belles maisons qui baignent dans des champs de fleurs oranges ; ces fleurs qui sont utilisées durant les festivals hindous pour fabriquer des colliers ou juste pour offrir. J’y suis arrivé au couché de soleil. Il y a ici un grand monastère Buddhist qui fait aussi école monastique et dispensaire. Ils ont aussi quelques chambres pour les visiteurs potentiels. Ce soir ils étaient complets parce-qu’il y avait un groupe de donateurs étrangers de passage dans le village. Ce monastère a été refait à neuf grâce à des dons après les séismes de 2015. Je suis donc allé à l’autre guest house du village. Elle est tenue par une famille très sympathique. Ce soir la famille se préparait pour fêter un nouveau né. La fête s’appelle “naming ceremony” et a lieu le jour où le petit reçoit son prénom ; une quarantaine de personnes du village allaient venir. La famille avait sacrifié une chèvre et quelques poules pour l’occasion et étaient en train de préparer un Dhal Bat géant pour tout le monde. Je m’étais installé dans la cuisine autour du feu et j’ai commencé mon activité favorite, siroter des thés. Tout le monde était occupé ce soir à faire quelque chose, les hommes coupaient ou nettoyaient la viande et les femmes étaient chargées des légumes, du riz et du thé. Il y avait aussi dans la cuisine deux jeunes filles qui habitent et qui travaillent au dispensaire du monastère. Elles étaient ici pour aider dans les préparatifs. Elles parlent très bien l’anglais et c’était très agréable d’échanger avec elles.

La femme qui tient la guesthouse était très contente en apportant autour du feu une petite bassine où le foie de la chèvre baignait dans le sang de celle ci. Elle l’a coupé en petits morceaux et cuisiné dans le sang avec un mélange d’épices. Elle l’a ensuite offert à tout ceux qui étaient là pour aider. Je n’ai pas aidé mais j’ai eu une part aussi, c’était excellent. Ensuite nous avons dîné tous ensemble autour du feu et je suis allé me coucher.

1744m D+ / 1263m D-
1744m D+ / 1263m D-

11 novembre 2019

Jour 2. Après un bon petit déjeuner, je suis allé me balader au village et faire un tour au monastère. Il y a en effet tout à cet endroit. Une petite épicerie avec plein de cochonneries, des douches chaudes qui fonctionnent au solaire, un café avec une belle terrasse, un restaurant, un dispensaire et une guesthouse pour les visiteurs. Le monastère fait aussi école monastique pour les petits du village. On y enseigne le programme classique de l’école publique et le Buddhism tibétain. Ce matin, les professeurs et les petits écoliers étaient tous réuni dans une salle, alternant deux types de chants. Le premier était doux, lent et un peu mélancolique ; je trouvais ça beau et apaisant. Ce chant ne durait pas longtemps et laissait place à un fracas d’instruments et de cris religieux. À l’intérieur de la salle, il y avait aussi des moines habillés en blanc. L’ambiance à l’intérieur de cette salle était imprégnée d’odeurs fort agréables que dégageaient les encensoirs.

Je suis retourné vers la guesthouse et la dame m’a proposé de rester pour fêter avec eux, j’ai longtemps hésité mais j’ai préféré partir. Il commençait à y avoir du monde dans la maison. Dans une petite pièce de la guesthouse, un vieil homme avait mis en place une sorte d’hôtel pour un dieu hindou. Il y avait là les fleurs oranges, du riz non cuit, une bouteille de Coca-Cola ouverte et du pain frit. Du monde défilait dans ce petit espace et le vieil homme lisait pour chacun d’eux une prière en les bénissant en quelque sorte.

Je suis parti du village afin de rejoindre une rivière au fond de la vallée. On y allant on passe par des sentiers étroits qui traversent de belles maisons. Les gens sont différents ici, les femmes portent deux piercings au nez et des vêtements de couleur rouge vif. Ils sont physiquement forts et endurcis par les conditions de travail à la ferme et sous le soleil. On arrive à la rivière après environ 800 mètres de dénivelé négatif. Ensuite, comme toujours au Népal, il faut remonter la vallée en face, pour arriver à Loting. D’ici il faut compter 4 heures de marche pour arriver à Laduk m’a-t-on dit. Il commençait à faire très chaud quand j’étais parti de Loting. Il y avait plein de villages dans cette vallée, beaucoup d’écoliers qui marchaient sur les sentiers pour rejoindre leurs établissements. Ils me demandaient soit un stylo ou rigolaient à mon passage. Je pense que c’est le sac énorme que je portais qui les faisait rire. Arrivé à Laduk j’ai pris une chambre dans une maison d’hôtes au confort spartiate. Je commençais à regretter la chaleur et l’hospitalité de la guesthouse de Bigu quand soudain j’entends de la musique et des gens chanter à quelques minutes de la maison. Je suis donc allé voir. En arrivant, un vieil homme très maigre m’a pris dans ses bras et m’a installé à côté de lui. Il me racontait un charabia auquel je ne comprenais rien, il était très agité et saoul. Il m’a amené du lait frais, un pain frit et une assiette de légumes. Par la suite j’ai appris que c’était le vieux du village, que la maison lui appartient et qu’il était l’organisateur de cette fête. C’est un évènement annuel qui coïncide avec la pleine lune du mois de novembre et qui est dédié à un dieu hindou. Tout le village était convié à cette fête et la famille qui habite la maison prépare de la nourriture pour tout le monde gratuitement. Des musiciens et des prêtres étaient invité aussi pour honorer les dieux dans une petite salle de la maison avec des chants et des prières. Après le dîner j’y suis retourné et c’était la folie totale à la maison. Les prêtres avaient mis des costumes blancs et brandissaient des tambours. Ils tournaient en cercle en tapant dans leurs tambours. Après quelques minutes ils sont allés au temple, suivis d’une foule exaltée. Je suis allé me coucher.

918m D+ / 1341m D-
918m D+ / 1341m D-

12 novembre 2019

Jour 3. Ce matin j’ai pris un petit déjeuner très riche. Trois pancakes avec du beurre de Buffalo et du thé au lait. C’était très bon. Ensuite en route pour Jagat. En y allant on passe par trois grands villages. Le premier est Bulung ; très mignon et on y trouve une maison d’hôtes qui m’avait l’air d’être très bien. Le deuxième est Orang, un village que le séisme de 2015 a détruit en partie. Il a été reconstruit avec beaucoup d’aides internationales et beaucoup de béton malheureusement. Les nouvelles maisons et bâtisses sont toutes très moches par contre la vue sur la montagne sacrée du Gaurishankar est exceptionnelle à partir du village et on voit d’ici que l’on s’approche de plus en plus du but.

Après Orang j’ai suivi un sentier très agréable qui passe par plusieurs villages avant de rejoindre Jagat. J’ai fait la descente avec une famille qui allait couper le riz un peu plus bas, ils sont Tamang et l’un d’eux parle très bien l’anglais, on a donc discuté sur le chemin.

Arrivé à Jagat, j’ai décidé de faire une pause. J’ai pris une chambre, un bon déjeuner et j’ai profité de l’après-midi pour laver quelques affaires et m’étirer un peu sur la pelouse du lodge. Après un petit tour au village je suis rentré au lodge pour le dîner. J’ai mangé ce soir là avec deux amis italiens qui descendaient du Yalung Ri Basecamp et deux amies françaises qui étaient claquées après une journée passée dans le bus. J’avais choisi cet endroit pour faire une pause parce-que la propriétaire disait qu’elle avait une connexion Wi-Fi et je voulais en profiter pour donner des nouvelles à mon entourage mais au final la connexion ne marchait pas. Après le dîner je suis allé me coucher.

332m D+ / 1181m D-
332m D+ / 1181m D-

13 novembre 2019

Jour 4. Après un bon petit déjeuner à Jagat, j’ai repris le sentier pour monter vers Simigauon. J’avais le choix entre le sentier qui traverse un chantier et longe la rivière ou un sentier légèrement plus long mais plus sauvage car il passe par plein de villages de la vallée en face. J’ai opté pour l’option la plus courte par paresse et puis je voulais aussi voir à quel point le chantier de la centrale hydraulique a détruit le paysage. C’était en effet regrettable. Deux entreprises sont aux commandes ici, l’une indienne et l’autre chinoise. Le Népal est malheureusement pris entre ces deux pays et sa politique extérieure essaie le plus souvent d’arranger les intérêts des deux pays qui ne s’aiment pas beaucoup, paraît-il.

À Chetchet on quitte la piste de Jeep et commence un chemin piéton qui monte vers Simigauon. J’y ai croisé un groupe d’européens avec guides et porteurs qui descendaient et qui venaient de la vallée du Khumbu. Le sentier est aménagé en escaliers tout le long, ils ont numéroté les marches aussi, il y en a un peu plus de 3000 pour arriver au point le plus haut du village. C’est un village habité par des Sherpa et des Tamang. J’y ai croisé un homme qui fabriquait les paniers utilisés par les porteurs. Il disait que ça lui prenait environ 3 jours pour chercher du bambou à la rivière et ensuite 3 autres jours pour le tressage.

J’ai pris un thé chez un monsieur très sympathique qui m’a fait visiter sa maison d’hôtes et ensuite j’ai continué vers Surmuche où j’ai pris un déjeuner. Le sentier à partir d’ici remonte la rivière Rollwaling qui a donné son nom à la vallée où j’étais. Sur ce chemin on croise beaucoup de porteurs qui font monter du matériel de construction sur leurs dos pour les chantiers en cours. Les habitants de la vallée voudraient que ces sentiers soient un peu plus touristiques et sont donc en train de construire de nouveaux lodges tout au long du sentier. On retrouve aussi des caravaniers qui alimentent le village de Beding en produits alimentaires et de première nécessité grâce à leurs buffles massifs. Sur ce chemin on croise un refuge de montagne dont le nom est Kyalche. Ici la dame qui tient le refuge raconte qu’il y a des ours qui vivent dans la forêt et que sa chèvre s’est fait attaquer un soir il y a environ trois mois. J’ai trouvé ça un peu excitant mais au fond si je croise cet animal je ne saurais probablement quoi faire. Il y en a qui pensent que l’ours voit très mal et qu’il suffit de rester sur place et lever les bras en haut pour lui faire croire qu’il a en face quelqu’un de plus grand. Je me suis arrêté au refuge suivant qui s’appelle Dongang pour y passer la nuit. Il est tenu par une vieille dame Sherpa et sa fille. La dame est joyeuse, elle souri tout le temps. Au refuge il y avait deux belges avec leurs guide et porteurs. Ils venaient du Khumbu. Il y avait aussi des nepalais qui ont été au lac. Ce dernier est considéré comme un lac sacré et est visité par quelques touristes locaux.

1998m D+ / 411m D-
1998m D+ / 411m D-

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