Elmouatassim.

Pokhara vibes

· Elmouatassim

Je suis passé deux fois par Pokhara durant mon séjour au Népal. La première après mon premier trek ; j’y suis resté 7 jours au total. Je suis arrivé la première fois de Besi Sahar suite à une nuit très désagréable et un trajet en bus très agité. Le bus avait pour terminus une gare très proche de l’aéroport. De là, un jeune homme de 17 ans avec qui j’avais discuté un peu dans le bus m’a montré une autre station de bus pour aller à Lakeside, le quartier touristique de la ville de Pokhara. Ce jeune homme dont j’ai oublié le prénom allait passer le concours de sélection Gurkha pour intégrer le bataillon de l’armée indienne. Il aurait préféré celui de l’armée anglaise, parce que ça paie plus, mais l’armée britannique ouvre ce concours uniquement aux jeunes de plus de 18 ans. J’ai croisé ce jeune homme quelques jours après à Damside, il disait qu’il a été recalé.

En arrivant à Lakeside, je me suis lancé dans la quête d’un endroit confortable et pas cher pour passer une semaine tranquille. Après avoir visité quelques guesthouses qui ne me convenaient pas, je suis tombé sur le Namasté Lodge, 700 roupies pour un studio très spacieux avec un grand lit et une petite cuisine, vendu ! La famille qui le tient est très sympathique, c’est un jeune couple avec deux filles. L’homme est guide de haute montagne et a fait l’ascension du Dhaulagiri dans sa jeunesse. Maintenant il a des problèmes de santé et ne peut plus aller en haute montagne. Ils ont aussi une maison dans un village aux alentours de Pokhara et y proposent des séjours courts afin de découvrir la permaculture et la méditation. Au lodge il y a une très belle terrasse et un petit jardin pour prendre le soleil si l’envie nous prend. J’y ai posé mes affaires, pris une douche, laissé mon linge sale pour une lessive et ensuite direction les cochonneries de Lakeside.

Et c’est en cherchant une bonne pâtisserie que j’ai découvert cet endroit magique qui s’appelle le Shishire coffee. C’est un business familial, Shishire est le fils aîné du couple propriétaire des lieux. Le père, Shiva avait une boulangerie un peu plus haut sur Lakeside mais suite à des problèmes de dos, il a dû arrêter ce commerce et s’est orienté vers une entreprise un peu plus facile à gérer et où il aurait moins de travail. Le Shishire coffee est né. Cet endroit est sobrement décoré par les enfants de Shiva et des voyageurs artistes qui sont passés par Pokhara. À l’entrée, on trouve accroché au mur le portrait de Ramana Maharshi. Un grand sage indien dont le portrait dégage une paix intérieure indescriptible. Tout est fait maison ici, la Kombucha (exceptionnelle), les gâteaux, les cookies, etc.

Photo prise du Shishire coffee. Salty, le vieux chien, veille sur son territoire.
Photo prise du Shishire coffee. Salty, le vieux chien, veille sur son territoire.

À Pokhara on fait de belles rencontres aussi. J’y ai rencontré Jean, un nomade des temps modernes qui a vécu longtemps à plusieurs endroits de la planète. Il voudrait s’installer dans le désert Algerien pour tenter des projets dans l’agriculture écologique. Je l’ai rencontré au Lake Lovers, un bar / restaurant qui donne sur le lac et qui est tenu par une petite famille. Les produits utilisés dans ce restaurant sont écologiques et cultivés par le père du propriétaire à Metlang, un village sur les hauteurs de Pokhara. Ce monsieur est un homme joyeux, il arbore un très beau sourire tout le temps et il a toujours des histoires à raconter. Quand il ne parle pas il joue avec son petit fils.

Photo prise à partir du Lake lovers coffee. Mathiew est sur le premier plan de la photo.
Photo prise à partir du Lake lovers coffee. Mathiew est sur le premier plan de la photo.

Au lodge où je suis resté la première fois, j’ai rencontré ce couple de voyageurs fort sympathiques, Brice et Marion. Ils voyagent ensemble depuis plus de six ans et leurs histoires de voyages sont fascinantes. Grâce à eux j’ai découvert les singing bowls, le Lake Lovers et plein de bonnes adresses pour manger. J’y ai rencontré aussi Alexandre qui fût mon compagnon de cafés / pâtisseries pour un temps. Il travaille dans la vidéo et était au Népal afin de réaliser un reportage photos et quelques films courts sur le quotidien des locaux qu’il a croisé. Avec eux nous avons partagé de très bons moments à discuter autour des bons petits plats de Lakeside.

Après mon deuxième trek, je suis revenu à cette ville et encore une fois je me suis laissé emporter par son rythme de vie lent et paisible autour du lac. Cette fois je suis resté 5 semaines. Une semaine de repos que j’ai passé dans la guesthouse de Mira, Guru et leurs deux petits et 4 semaines à Purna yoga retreat, une maison sur les hauteurs de Pokhara.

Comment j’occupais mes journées dans cette ville les deux premières semaines ? J’allais souvent courir les matins, soit à la World peace pagoda en faisant le tour du lac Phewa, ou en allant à Sarangkot. Les deux parcours nous font visiter les villages qui sont au bord du lac ou sur les hauteurs de la ville. Ils nous offrent une vue splendide sur le massif qui est au nord de la ville de Pokhara et surtout sur cette montagne, Machapuchare, appelé aussi Fish-tail, une montagne dont la partie supérieure a une forme pyramidale qui rappelle le Cervino des Alpes.

Journée où les nuages étaient très bas. Temps froid à Pokhara mais au dessus, à Sarangkot, temps parfait.
Journée où les nuages étaient très bas. Temps froid à Pokhara mais au dessus, à Sarangkot, temps parfait.
Boucle Sarangkot. 787 m D+ / 787 m D-
Boucle Sarangkot. 787 m D+ / 787 m D-
Vue sur le lac et Pokhara à partir de la World peace pagoda.
Vue sur le lac et Pokhara à partir de la World peace pagoda.
Boucle Pagoda. 527 m D+ / 527 m D-
Boucle Pagoda. 527 m D+ / 527 m D-

En allant courir un matin, j’ai rencontré Joe, un ultra marathonien infatigable. Il m’a fait découvrir de nouveaux sentiers autour de Sarangkot et est devenu mon compagnon de course à pieds. Il est resté longtemps à Pokhara suite à un accident durant un trek et m’a introduit à son cercle social. C’est comme ça que j’ai rencontré d’autres voyageurs très intéressants qui sont restés quelques semaines ou quelques mois à cet endroit. Comme Shumaila, une femme qui est restée 5 mois à Pokhara et qui est passionnée par les thérapies alternatives basées sur l’art, la méditation, les access bars ou le reiki. Elle organise des ateliers afin de partager sa passion et aider les autres. Ou Noemie qui vient de quitter son travail à KL et qui voyage un peu avant de reprendre un travail. Sinon mis à part courir, enchaîner les thés, les gâteaux, manger de bons petits plats, faire de belles rencontres, lire un peu, on peut aussi escalader dans une petite salle de bloc très originale ouverte par un grimpeur européen passionné. On y trouve une slackline et une centaine de voies dans tous les niveaux et tous les styles, elle s’appelle PsychoBloc. On peut aussi pratiquer du yoga au niveau de tout ces cafés qui proposent des cours très accessibles à toute heure. Il y a en effet un endroit que j’ai beaucoup apprécié et qui se trouve au niveau de la statut de Buddha un peu plus en hauteur sur Lakeside. L’endroit est très calme et apaisant. À côté de tout ça, si on a envie de regarder un film, il y a le Blind Tiger, un bar / hôtel qui organise des projections de films tout les soirs. La programmation change toutes les semaines. C’est gratuit à condition de consommer quelque chose. L’endroit est tenu par Peter, originaire d’Australie, et donc on retrouve beaucoup de films Australiens dans la sélection. Bref, on ne s’ennuie pas à Pokhara.

J’ai passé les 4 dernières semaines à Purna Yoga, cet endroit propose des cours de yoga et des activités autour. Le programme était plutôt chargé. Tout les jours, aux vibrations des Singing bowls, on se réveillait à 6 am. On commençait la journée à 6:15 am avec des chants hindou ou avec des échauffements doux suivi d’une petite séance de méditation. Ça durait jusqu’à 7:15 am environ. Les chants hindou sont accompagnés par l’harmonium que Manohar maîtrise à la perfection. Faire ceci le matin me mettait dans une bonne humeur pour le reste de la journée. C’est aussi une sorte de méditation où on se concentre uniquement sur la répétition de mantras. Ces chants sont en général à la gloire de dieux hindou mais on peut très bien les chanter en pensant à autre chose qui nous représente plus (nature, le dieu des religions monothéistes, étoiles, Jesús, etc. peu importe). L’autre activité matinale était donné par Mahesh, une personne formidable et pleine de bienveillance, il a beaucoup d’expérience avec le yoga et le pratique depuis +30 ans. On commençait par des mouvements simples afin de mettre en marche notre corps doucement en allant des orteils jusqu’à la tête et les doigts. Suite à ça nous nous posions afin de méditer environ 20 minutes. On commençait par chanter “Om” 3 fois et ensuite on se concentrait sur notre respiration en essayant de chasser toutes les pensées qui surgissaient dans notre tête, ensuite notre concentration était amené sur le chant “Om” sans le chanter.

Suite à cette première activité matinale, on faisait un Jala neti afin de nettoyer nos narines. L’exercice se fait à l’aide d’un pot en plastique dans lequel on met une eau tiède et légèrement salée. Le but est de garder la bouche ouverte pour respirer et verser l’eau dans une narine pour qu’elle coule de l’autre côté et nettoie au passage les cavités nasales. Il faut commencer avec la narine la moins bloquée et cet exercice ne doit pas être réalisé tout les jours, 3/4 fois par semaine est largement suffisant. Suite à ça il faut se moucher et réaliser quelques étirements afin d’évacuer toute l’eau des cavités nasales.

Après ça nous commencions la première séance de Yoga Asanas de la journée à 8 am et ça durait environ une heure et demi. Elle est en général assuré par Mahesh ou Kush. Ensuite nous prenions un petit déjeuner bien bon et après une petite pause d’une heure environ on avait des cours théoriques sur soit la biomécanique et l’anatomie liée à la pratique des Asanas ou sur des aspects philosophiques du yoga. Il faut savoir que le yoga ne se limite pas à la pratique des Asanas seulement mais marie plusieurs choses pour être un mode de vie afin d’atteindre le Samadhi. Un état de super conscience et d’union avec tout ce qui nous entoure.

Suite à ces deux cours théoriques légers je m’en allais pour courir autour de Sarangkot. Je faisais ça environ 5 fois par semaine et combiné avec les deux séances de yoga asanas journalières, je devenais de plus en plus efficace à avaler du D+ en courant, pas très vite mais avec un rythme régulier. Je faisais au moins 700 m de D+ 4 fois par semaine (10 km la séance) et une fois 500 m de D+ avec plus de kilomètres (un peu plus de 20 km). J’avais une moyenne de 60 km par semaine et 3000 m de D+. Au bout de trois semaines, j’ai senti que la machine fatiguait beaucoup, surtout que j’avais couru 6 ultras trail en 2019. La dernière semaine, j’étais tellement fatigué que je me suis cassé la gueule à deux reprises. Une fois je suis tombé en trébuchant sur la route du côté de Damside en descendant de la World peace pagoda et l’autre fois sur les marches de Sarangkot que je connais par cœur… J’ai donc réduit mon volume d’entraînement.

Les après-midi à Purna étaient très agréables aussi, les activités commençaient à 3:15 pm avec une séance de relaxation appelée Yoga Nidra. Mahesh assurait cette séance avec sa voix douce qui m’emportait très loin. Suite à ça, j’étais régénéré. Ensuite il y avait la deuxième séance de yoga asanas où on travaillait des postures un peu plus avancées et où on apprenait à les tenir plus longtemps. On faisait aussi un travail plus long sur les techniques de respiration, Pranayama.

Après ces deux activités de l’après-midi je partageais le repas du soir avec les autres locataires de Purna, c’est comme ça que j’ai rencontré Francés, Ayla, Clément (fondateur de Lilo, Yogesh et plein d’autres personnes. On échangeait longtemps en partageant nos points de vues sur différents sujets, c’était très sympa. La dernière activité de la journée est une séance de méditation à la bougie appelée le Tratak. Le but est de se concentrer dans l’obscurité sur la lumière d’une bougie sans cligner des yeux. Pourquoi ? Afin d’améliorer notre capacité à nous concentrer et aussi pour faire larmoyer nos yeux et de les nettoyer par la même occasion. Une fois la première larme tombée, il faut fermer les yeux et visualiser la flamme dans notre esprit. Cette séance est accompagnée par un chant de mantra hindou très mélancolique que j’adore.

Les journées passaient très vite à Purna au rythme des chants de mantras, des séances de yoga asanas et des Singing bowls. En effet, nous avions aussi des séances de relaxation où Mahesh ou Manohar jouaient de plusieurs instruments. L’outil principal de cette séance est le singing bowl, il y en a 7 au total et chacun produit une vibration différente. On génère cette vibration soit en percutant le bol ou en tournant un morceau de bois autour du bol pour générer une vibration continue. Ces bols sont soit artisanaux ou industriels. Ceux qui sont fabriqués à la main génèrent plus de vibrations. Ces bols sont en général fabriqués à partir de 3-5 métaux. Il existe sur le marché des bols à base de 7-8 métaux (dont l’or) mais ils sont beaucoup trop cher et utilisés principalement pour des cérémonies religieuses, on les appelle full moon bowls. Cette séance fait vraiment du bien et les vibrations des bols et du gong final transcendent le corps sans effort et nous mettent dans un état de repos profond, exactement comme le Yoga Nidra mais en remplaçant le récit par la musique que les bols produisent.

Séance de singing bowls menée par Mahesh.
Séance de singing bowls menée par Mahesh.

Après les 4 semaines passées à Purna, il était temps pour moi de partir. Je suis revenu à Kathmandu pour quelques jours avant de reprendre l’avion. J’ai passé mes journées entre mes deux endroits favoris en ville, le mur d’escalade artificiel Astrek et le quartier tibétain Bodnath. Ce quartier a en son centre une stuppa imposante autour de laquelle les croyants font des tours en récitant des prières. Et c’est ainsi que s’achève mes trois mois passés au Népal.

Stuppa de Bodnath au sunset.
Stuppa de Bodnath au sunset.

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