Elmouatassim.

Balades autour du Dhaulagiri et Annapurna, Act. 5

· Elmouatassim

29 octobre 2019

Jour 17. Je me suis réveillé tôt ce jour-là. Je devais passer le col “Namun La” et dormir juste après. Le col n’est pas loin mais le chemin qui y mène est très raide, environ 2000 mètres de dénivelé positif à gravir de Timang. J’avais pris du lodge un Snickers et un Mars pour le petit déjeuner et le déjeuner. Un peu inconscient mais je voulais faire la traversée en deux jours maximum. Au lodge la gérante se moquait de la chinoise et son copain qui n’arrivent pas à aligner trois mots en anglais. J’ai quitté Timang à 6:30 am. Le chemin part d’abord dans une forêt dense et humide juste au dessus du village. Le sentier est presque totalement aménagé en escaliers de pierres dont la taille est aléatoire. Dans la montée j’ai croisé un seul groupe qui descendaient, un couple de français avec guide et porteurs qui venaient de Sickles. L’un des porteurs m’a posé la question préférée des népalais : “where are you from?”, en lui répondant, il m’a dit : “yeah! My favorite country!”. J’étais un peu sceptique, je parie qu’il n’a pas bien entendu ou qu’il dit ça à tout le monde. Les clients de ce groupe eux étaient étonnés (et la dame presque horrifiée) que je monte au col avec des chaussures de trail et en plus sans guide. Selon eux le col était plein de neige, qu’il fallait absolument de grosses chaussures avec crampons pour s’en sortir… Mais comme presque toujours, une fois sur place on se rend compte qu’ils ont exagéré un peu la chose. Après la première partie jungle / forêt du sentier, on marche dans une forêt de haute altitude plus triste et silencieuse. Ça doit être le froid qui a cet effet sur la végétation. Ensuite la forêt laisse place à un environnement aride composé principalement de terre, cailloux et arbrisseaux rouges. Ces derniers disparaissent du tableau aussi après quelques centaines de mètres de dénivelé positif. À Danfe, on retrouve un camping où je n’ai pas vu de source d’eau, mais comme je n’avais pas l’intention d’y passer la nuit, je n’ai pas insisté dans ma recherche.

Après Danfe et dans la montée, le Manaslu entre en scène au dessus des nuages, on a l’impression que ses falaises sont roses. La neige aussi fait son apparition et commence alors une montée en lacets dans une neige dure est compacte. Pas besoin de crampons ici si on prend bien ses appuis. Quelques minutes plus tard, on est au col et le spectacle est époustouflant.

La vue de Namun-La pass. Un moment magique.

Après une petite pause photos, j’ai commencé à descendre sur l’autre versant. Le brouillard commençait alors à envahir la vallée. J’ai suivi le seul chemin que j’avais sous les yeux pensant qu’il était le bon pour Sickles. La descente était raide et longue jusqu’à un pont qui ne figure pas sur la carte. Je commençais à être KO, il me fallait trouver rapidement un endroit pour poser ma tente, surtout avec le brouillard qui devenait de plus en plus épais. Après le pont j’ai aperçu une sorte de prairie où l’herbe est jaune et dans laquelle plusieurs ruisseaux coulent sans faire de bruit. L’endroit est entouré de trois montagnes et bien protégé du vent. J’y ai installé ma tente et y ai englouti des noodles, des maquereaux en conserve et du muesli comme dessert. Après la vaisselle dans l’eau bien fraîche du ruisseau, direction la tente. Je dormirai ce soir à 3900 mètres d’altitude.

Dans ma tente, j’ai vérifié à l’aide du GPS ma position sur la carte. À ma grande surprise, j’ai réalisé que j’avais raté le chemin de Sickles et que désormais je suis sur le chemin de Syange. Je n’y ai pas beaucoup pensé et j’ai décidé que ça allait être un problème à résoudre pour la journée de demain. La nuit était bonne.

30 octobre 2019

Jour 18. Je suis sorti de ma tente à 7 am aujourd’hui. Il faisait bon dehors et le Manaslu était toujours là régnant sur les nuages et le ciel. Ce camping est sans conteste un cinq étoiles. Après le rituel matinal habituel de rangement, départ à 8 am. J’avais jeté un coup d’œil à la montée que j’avais descendu la veille pour faire demi tour et rattraper le chemin de Sickles mais j’ai tout de suite abandonné cette idée. Je n’avais ni les jambes ni la motivation. J’ai donc décidé d’explorer le chemin qui théoriquement rejoint Syange. Sur ce chemin on croise d’abord un petit lac d’altitude au bord duquel on a aménagé un espace pour les campeurs. Bel endroit mais je préfère le mien. J’ai continué à suivre ce sentier mais plus loin, le chemin commence alors à contourner des petits pics de pierres en montant à chaque fois soit au sommet ou au col. Parfois il était facile de trouver la sortie sur l’autre versant et quelques fois je m’embrouillais ; je posais donc mon sac pour aller chercher un chemin plus ou moins dans la direction du cap de ma boussole. Cette succession de montées et descentes me menait toujours vers de petites bergeries de haute montagne désertes et sans eau.

Après une dizaine de bergeries et quelques moments de doute sur la direction prise, je suis enfin sur un chemin qui descend dans une forêt de moyenne montagne. Ici la forêt a été en partie brûlée. Le sentier y traverse une multitude de bergeries cachées et trouver la sortie de chacune d’elle devient de plus en plus dur. Ces bergeries ne sont plus utilisées depuis un moment et donc la végétation est devenue de plus en plus dense et a couvert les différents sentiers. Parfois il y avait un chemin dans la direction de la boussole, parfois je prenais le premier sentier qui descend et souvent je m’enfonçais dans la forêt sur un chemin qui n’existe pas mais qui va dans le sens de la boussole et qui descend. Vers quoi ? Je n’en avais pas la moindre idée. À ce moment là, j’étais dans une forêt silencieuse et très sombre, ma visibilité était donc nulle. J’ai continué à enchaîner forêt et bergeries et je commençais à stresser un peu parce que je ne voyais toujours pas le village et surtout il n’y avait pas d’eau sur le sentier. Je me pensais perdu dans la forêt et je me rassurais en me disant que tant que ça descend ça devrait être bon. Je suis enfin sorti de cette forêt vers 16h. J’étais sur une falaise avec un chemin clair cette fois qui descend vers un village. Ce dernier était 1000 m plus bas.

J’ai commencé alors la descente vers le village en pensant à tout ce que je pourrai y manger le soir. Le sentier est aménagé en escaliers ici, très peu emprunté parce qu’il y avait beaucoup de végétation entre les pierres. Il débouche sur une rivière puissante mais pas profonde, qu’il faut traverser à pieds. J’ai enlevé mes chaussures pour la traversée et je me suis reposé un peu avant d’aller au village. J’étais bien ici.

En arrivant au village j’étais surpris d’apprendre que je n’étais pas à Syange. J’avais pris un chemin qui ne figure pas sur la carte et j’étais donc dans un village à 30 minutes de l’objectif initial. Ici il y a un seul lodge au décor kitsch. On ne peut pas le rater parce qu’il est peint en rose, sur trois étages et décoré avec des guirlandes pour la fête hindou Tihar. La famille qui le tient est très sympathique. J’ai mangé avec eux et écouté leurs échanges interminables auxquels je ne comprenais rien. Je suis allé dormir ensuite dans un lit sans matelas.

629m D+ / 3196m D-
629m D+ / 3196m D-

31 octobre 2019

Jour 19. J’ai très peu dormi ce soir là, c’était probablement dû aux quatre thés ou le Coca-Cola de la soirée ou le stress de la journée précédente ou peut-être tout ça à la fois. Mais j’étais en forme au petit matin. J’avais pris le temps de manger et ensuite je suis parti avec comme objectif de rejoindre Bhulbule et prendre le bus en début d’après-midi pour Pokhara. Le matin, la femme du propriétaire du lodge avait mis un chant de mantra sur sa radio et avec un encensoir elle passait dans les pièces de sa maison pour les bénir en quelque sorte. Avant de partir elle m’a fait une Tika blanche sur le front et m’a offert des fleurs oranges. Ça m’avait touché. Je l’ai remercié et suis allé rejoindre mon sentier pour monter dans un premier temps à Siurung. J’étais sur le sentier le moins touristique des Annapurna et les villages dans cette partie sont plus authentiques. J’y ai croisé deux petits frères qui emmenaient chez eux une petite poule.

Arrivé à Siurung je me suis arrêté à un Homestay pour un thé. Le village est très propre et riche en rizières. Ensuite j’ai entamé la descente vers Bhulbule. J’y suis arrivé pile à l’heure du bus. Il allait à Besi Sahar.

662m D+ / 1220m D-
662m D+ / 1220m D-

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