balades autour du dhaulagiri et annapurna, act. 3
21 octobre 2019
Jour 9. Aujourd’hui aussi, le réveil était matinal. Nous avons pris le petit déjeuner ensemble avec Clément. Il avait décidé la veille d’arrêter ici et aller se reposer quelques jours à pokhara. Pour moi le plan était d’aller au lac Tilicho. Je devais alors rejoindre l’autre côté de la rivière pour le départ du sentier.
J’ai pris mon temps pour sortir et suis allé ensuite sur le sentier qui mène à Jomsom. C’est terriblement moche malheureusement, beaucoup de pistes bien poussiéreuses et le pire c’est le vent. Avec le vent on respire de la poussière et la douche que j’avais pris la veille a perdu son effet. Je suis à nouveau un dirtbag.
Le sentier pour Tilicho commence à Thini. Un petit village Buddhist juste en dessous du Nilgiri et Tilicho peak. C’est mignon mais désert malheureusement. Personne dans les rues ni sur la place du village. Les vaches sont maigres par ici. Ça doit être dû à l’environnement aride. À la sortie du village, j’ai croisé deux femmes, Mael et Laureline, nous avons sympathisé un petit peu et sommes allés manger ensemble à Thini dans le seul hôtel du village. Elles sont très intéressantes et voyagent pour découvrir les techniques artisanales de fabrication de papiers. Elles ont commencé avec le Népal et le papier Lokta qui se conserve très longtemps parce-que la plante utilisée dans sa fabrication repousse les bactéries. Le Lokta pousse uniquement dans quelques régions des Himalaya et seulement à + 3000 m.
J’ai pris une chambre au restaurant où j’avais mangé. J’y ai posé mon sac et je suis descendu vers Jomsom. Probablement la ville la plus moche que je connaisse au Népal. J’y ai retiré du cash et suis remonté vers Thini. J’avais un peu mal aux cuisses et j’appréhendais le lendemain. À l’hôtel j’ai pris une douche en écoutant Labess, ça m’a fait du bien. Ensuite dîner et au lit.
22 octobre 2019
Jour 10. Réveil à 5:30 am, sans le petit déjeuner, j’attaque la montée bien raide vers le col du Tilicho. Encore une fois la carte est tellement nulle qu’elle m’a fait douter du chemin que j’avais emprunté. Heureusement que le parc national a mis en place des plaques qui indiquent le chemin vers le lac Tilicho. Les paysages deviennent de plus en plus colorés au fur et à mesure que l’on monte. On ne croise personne sur la montée mis à part trois bergers et des yaks.
Après une certaine montée qui m’a mené à un camping à 4800 m, j’étais complètement KO. Six heures de montée avec le gros sac et seulement deux barres de céréales ont eu raison de moi. J’ai décidé d’arrêter pour prendre un déjeuner à côté de la rivière juste après le camping. L’endroit est pittoresque, j’y ai englouti deux plats lyophilisés et ça m’a mis encore plus KO. J’avais pour projet de passer le col et camper juste après mais le déjeuner m’avait donné un coup de barre et j’ai fini par installer ma tente à 4800 m. Je me suis fait un thé et j’ai fait quelques photos de l’endroit. J’étais bien et serein ici. J’étais seul dans toute la vallée avec quelques corbeaux et des chevreuils blancs.
Un peu avant le coucher de soleil, j’ai entendu des cris au col, ça m’avait surpris. Il y avait en effet deux guides avec deux clients qui descendaient le col. Ils avaient fait le trajet dans la journée à partir d’une bergerie pas très loin du camping où j’étais. On a discuté un peu, ça m’a fait du bien de parler après cette journée fatigante, solitaire et silencieuse. Après leur départ j’ai préparé un autre thé et au lit. Enfin, au sac de couchage.
Il faisait déjà noir dehors et il commençait à faire très froid. J’étais bien dans mon sac quand j’entends quelqu’un dire : “hello sir”. Surpris, je sors ma tête de la tente. C’était un népalais seul qui venait d’arriver de pokhara, impressionnant ! Il a pris le bus le matin et ensuite il a enchaîné la montée en pensant qu’il y avait des lodges sur le chemin. Très mal renseigné le pauvre. Je lui ai expliqué que le prochain lodge est à 6 heures de marche, au moins, et qu’il est fortement conseillé de partir demain matin plutôt surtout qu’il n’était pas du tout équipé pour le froid d’un 5000 m le soir. Je lui ai suggéré de descendre aux bergeries et demander refuge aux bergers.
Quinze minutes après, des cris raisonnent dans la vallée, j’étais bien surpris encore une fois. Ce sont des bergers qui descendaient le col. De vrais durs ces hommes, ils descendent sans frontale et avec leurs Yaks en plus. L’un d’eux m’a demandé si j’allais bien, sans sortir de ma tente je lui ai répondu que oui. La nuit fût longue à cause du vent qui s’est levé au coucher du soleil.
23 octobre 2019
Jour 11. Après de multiples tentatives, je me décide enfin à sortir de la tente à 8h du matin. Je voulais attendre que le soleil soit là pour me réchauffer en rangeant mes affaires mais il a mis du temps à répandre ses rayons dans la vallée où j’étais. Je suis donc sorti ranger mes affaires dans le froid. Il y avait en effet beaucoup de vent. Il n’a pas arrêté de souffler toute la nuit d’ailleurs.
Le nepalais solitaire, minimaliste et mal informé a débarqué à 9 am. Il était claqué le pauvre. Sa nuit à la bergerie sans sac de couchage a dû être difficile. Nous sommes partis ensemble pour le col à 9 am passée, comme des princes… Le col était très proche de là où j’avais dormi mais la montée pour y être est terriblement raide. Je n’avais pas mal à la tête, juste du mal à progresser avec le manque d’oxygène, le poids du sac et le manque de repos je crois. Dans cette montée j’ai croisé des porteurs qui descendaient en chaussures de ville. Ils faisaient une pause sur l’un des lacets du col. Ils étaient gentils et m’ont proposé du pain tibétain. C’était super bon surtout que je n’avais pas pris de petit déjeuner ce matin vu que j’étais à la bourre. J’ai repris le chemin du col qui devenait de plus en plus enneigé. La dernière partie était très raide. Arrivé au col, on est heureux surtout avec la vue du lac et du Tilicho peak sur l’autre versant. Le col s’appelle Mesokanta La et culmine à 5200 m. Au col il y avait un groupe de parisiens très sympas. L’un d’eux est photographe, il m’a fait plusieurs photos sous différents angles. Leur guide m’a donné quelques indications sur la suite du chemin qui s’annonce longue…
Après le col il faut descendre un peu pour remonter un deuxième col sans nom. La progression se fait dans un décor très minéral et complètement lunaire. Absence totale de toute forme de végétation. Là où je marchais, il y avait uniquement de la caillasse rouge et à l’est de mon sentier la neige et la glace imposantes du Tilicho peak étaient là. Le but était de rejoindre un 3ème col qui s’appelle le “eastern pass”. Je voulais absolument le passer avant 4 pm afin de dormir dans un lodge ce soir là et pour compenser mon départ tardif de la journée, j’ai réduit au maximum les pauses photos et grignotage.
Après de longues heures d’errance sur des cailloux à plus de 5000 m, j’ai enfin le dernier col de la journée sous les yeux. Une descente bien raide commence alors vers l’autre rive du lac. J’étais complètement lessivé par le poids du sac, le froid et la longue marche en altitude. En descendant j’ai croisé quelques humains qui avaient établi leurs camp juste au dessus du lac. Après une petite pause fruits secs et quelques mètres de dénivelé négatif, j’arrive enfin à l’autre rive du lac où on trouve deux grandes statues. L’une de Bouddha et l’autre de Shiva. En effet, ce lac est considéré comme sacré par les deux communautés du pays, à savoir les Bouddhistes et les hindouistes. Il est d’ailleurs interdit de s’y baigner. Juste à côté du lac on retrouve une petite maison en pierre qui est censée servir du thé mais elle était fermée à l’heure où j’étais passé. Je n’avais vraiment pas envie de mettre ma tente dans ce vent infernal et glacial, encore moins de manger des pâtes dans mon réchaud. J’ai jeté un coup d’œil à ma carte, le prochain lodge est vraiment pas loin. Il est 5 pm, il faut y aller !
En descendant le vent glacial me mordait les doigts même avec mes gants énormes. Après quelques centaines de mètres de dénivelé négatif, le vent était moins fort et la température était plus clémente heureusement. Un peu plus bas encore on aperçoit une sorte de village industriel. En y arrivant on se rend compte que c’est un village de lodges. Il doit y en avoir une dizaine au total et ils sont tous pleins à craquer. Principalement des touristes locaux qui viennent faire leur pèlerinage au lac. C’est immonde comme endroit mais je suis quand même content de la perspective d’un lit et d’un Dhal-Bat chaud pour la soirée. Après un petit tour de cette usine à lodges, j’ai pris le dernier. Le propriétaire n’avait pas de lit/chambre mais m’a proposé de dormir gratuitement dans la salle à manger si je dîne chez lui. J’ai accepté et me suis installé dans cette grande salle pleine de monde. Le passage d’une nuit et journée solitaire à un environnement surchargé était un peu violent pour moi.
Après le dîner je me suis mis à côté du feu. J’y ai rencontré Olivier avec qui on a discuté un peu avant d’aller me coucher. La nuit était très agitée dans cette salle. Il y avait en effet un groupe de touristes locaux qui a abusé de l’alcool local et puis les pèlerins qui se réveillent à 4 am pour monter au lac et sans respect aucun, il font beaucoup de bruit.
24 octobre 2019
Jour 12. Réveil à 6 am et après un thé au lodge j’ai commencé à descendre avec Olivier vers Manang. Le chemin est bien poussiéreux et sans caillasse mais la vallée est merveilleuse. L’érosion a fait des merveilles ici et le tableau est très riche en couleurs. Entre le blanc du Tilicho peak, le bleu du ciel, le turquoise de la rivière qui coule le long de la vallée, le rouge des petits buissons, le gris des falaises, etc. Le tout se mélange parfaitement. La nature est la meilleure des artistes. On s’est arrêté à Shri Kharka pour faire un petit repas. J’avais pris un riz sauté aux légumes. L’endroit est magique mais sur exploité par les lodges aussi. Ils sont quand même plus jolis ici.
On a repris notre descente par la suite, direction Manang. Le petit chemin du lac devient une piste de voitures encore plus poussiéreuse juste après et commence alors une marche bien désagréable dans cette poussière soit provoquée par le vent soit par les voitures qui passent. Arrivée à Manang, on est frappé par la beauté du vieux village. Toutes les maisons sont en pierres et bois et les ruelles par lesquelles on passe sont très jolies. Ensuite commence le nouveau Manang, une sorte de paradis pour randonneurs. Tout ce que tu peux désirer y est, un sauna, une chambre très confortable, du chocolat, des pâtisseries allemandes ou françaises, du fromage, etc. Dur de résister et puis pourquoi résister ?Nous avons trouvé un café avec une belle vue sur le lac glacier, Olivier était parti faire un tour au lac et moi j’ai continué mon chemin vers Bragha, le village qui suit. En arrivant au village, j’ai pris une chambre et une douche aussi ! J’ai fait une petite balade au village d’en haut. On y trouve un monastère Bouddhiste et des maisons traditionnelles.
talk to me
Ask me anything, would love to hear from you